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Le RSE dans Cairn et OpenEdition

D’autres chercheurs se sont-ils déjà penchés sur le réseau social d’entreprise ? Depuis quand ? Qu’en disent-ils ?
Voyons si Cairn et OpenEdition peuvent nous aider à répondre à ces questions.

(En réalité, ma recherche d’information sur support électronique a débuté sur Isidore, qui est multi-sources, et les résultats pertinents dans Isidore ne provenant que de Cairn et OpenEdition, je ne mentionne que ces deux sources.)

Impossible bien entendu de rechercher sur l’acronyme « RSE » car il renvoie un très grand nombre de réponses qui concernent quasiment toutes la responsabilité sociale/sociétale des entreprises.

Interrogeons donc sur les expressions « réseau social d’entreprise » et « réseaux sociaux d’entreprise ».

Les recherches qui portent sur le RSE le désignent-elles toujours par ces expressions ? Non, bien sûr. Il est parfois question de « réseau social interne » de « Facebook interne », de RSEI, de ESN, de SNS, etc. Cependant, s’il est parfois nommé autrement, sauf erreur (il se peut bien entendu que je sois passée à côté de quelques articles), tous les articles que j’ai trouvés jusqu’à présent contiennent toujours au moins une occurrence des expressions « réseau social d’entreprise » ou « réseaux sociaux d’entreprise ».
Malgré la précaution de rechercher sur ces expressions, certains articles sont hors sujet, car il est également question de réseaux sociaux d’entreprise au sens sociologique du terme, un sens donc différent de celui du RSE qui m’intéresse.

Après une première lecture des résultats obtenus, j’ai trouvé 51 documents électroniques répondant à mon besoin, publiés entre 2010 et avril 2015.
Les sources sont donc Cairn et OpenEdition, qui proposent des revues, articles, et autres documents en grande majorité académiques, mais pas uniquement. J’ai donc distingué les publications « académiques » des publications de « praticiens », dont le contenu est opérationnel mais ne rend pas compte de recherches scientifiques. J’ai également classé ces parutions en fonction de la discipline dont elles relevaient.

En voici une synthèse chiffrée :

DisciplineType20102011201220132014Total
Economie/Gestionacadémique  82717
 praticien2 1 47
Histoireacadémique    11
Lettres et linguistiqueacadémique  1  1
Sciences de l’Educationacadémique    11
SICacadémique2  327
 praticien2155316
Sociologieacadémique    11
Total 6115101951

Focalisons sur les documents classés comme « académiques » dans le tableau ci-dessus. On le voit les sciences de gestion en ont publié une large majorité. Viennent ensuite les sciences de l’information et de la communication, où les chiffres sont quasiment inversés par rapport aux sciences de gestion : ce sont en grande majorité des praticiens qui ont publié dans les deux sources consultées.

Que contiennent-ils ?
En bref, la plupart des publications scientifiques envisagent le RSE en tant que dispositif numérique parmi d’autres, qui sont à l’œuvre dans les organisations. Ce faisant, leurs auteurs étudient un ensemble d’éléments dans lequel ils citent ou ne font qu’évoquer le RSE, comme les TIC et les enjeux de visibilité qui leur sont liés, les systèmes de gestion des connaissances et leur régulation ou encore les technologies collaboratives et leur contribution à la configuration des organisations.
Les quelques travaux de recherche qui s’intéressent exclusivement au RSE l’envisagent comme un alias de Facebook interne ou comme un « réseau social interne », support numérique de nouveaux régimes de connectivité dans l’entreprise.

Pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet, la liste des 51 références que j’ai sélectionnées se trouve ci-dessous. Si d’aventure certains d’entre vous ont connaissance d’une publication scientifique au format électronique qui s’intéresse au RSE et qui ne figure pas encore dans cette liste, je serais bien entendu ravie de l’ajouter 😉

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Abelin, J.-L., Aper, G., Maltinti, G. et Monneuse, D. (2014). Les réseaux sociaux d’entreprise tiennent-ils leurs promesses ? Le journal de l’école de Paris du management, 110(6), 8.

Andonova, Y. et Vacher, B. (2014). ‪Nouvelles formes de visibilité des individus en entreprise : technologie et temporalité‪. Communication & Organisation, 44(2), 5‑14.

Autissier, D., Johnson, K. J. et Moutot, J.-M. (2014). La conduite du changement pour et avec les technologies digitales. Question(s) de management, 7(3), 79.

Barbier, J.-Y. et Boissonnet, C. (2014). Gestion des connaissances et dynamiques collaboratives dans les pôles de compétitivité. Management & Avenir, 67(1), 136.

Bertin, E. et Tran, S. (2012). L’organisation multipolaire bouscule le management. L’Expansion Management Review, 147(4), 120.

Bolon, P.-L., Bouillon, J.-L., Thierry, B., Schröter, H. et Haakenstad, A. (2014). La circulation et le transfert de l’information dans les entreprises. Entreprises et histoire, 75(2), 102‑116.

Bonneau, C. (2013). Travailler à haute voix sur Twitter. Quand la collaboration informelle emprunte un réseau public. tic&société, 7(1).

Bouchez, J. (2014). L’émergence des communautés de pratique pilotées. L’Expansion Management Review, 154(3), 121‑130.

Bouchez, J.-P. (2014). Autour de « l’économie du savoir » : ses composantes, ses dynamiques et ses enjeux. Savoirs, 34(1), 9.

Bruna, M. G. (2014). Quelques thèses sur la confiance. Question(s) de management, 8(4), 103.

Bruna, M. G. et Deluzet, M. (2014). (Re)tissage de la confiance et nouveau pacte social : défis et conditions de déploiement des politiques du capital humain. Question(s) de management, 8(4), 57.

Carmes, M. (2010). L’innovation organisationnelle sous les tensions performatives. Propositions pour l’analyse d´une co-construction conflictuelle des politiques et pratiques numériques. Les cahiers du numérique, 6(4), 15‑37.

Carmes, M. (2013). Territorialisations socionumériques et sémio-politiques organisationnelles. Dans M. Carmes et J.-M. Noyer (dir.), Les débats du numérique (pp. 99‑135). Paris: Presses des Mines.

Chartron, G. (2013). Réseaux et documentation, un lien originel à revisiter. Documentaliste-Sciences de l’Information, 50(2), 24.

Chartron, G., Broudoux, É., Moreau, F., Cavalier, F., Barrand, A., Tremblay, J.-M., … Giusti, A. (2013). Transformation numérique des réseaux. Documentaliste-Sciences de l’Information, 50(2), 46.

Chérigny, F. (2012). La charte des bons usages des services de réseautage social, outil juridique au service d’une stratégie-réseau. Revue internationale d’intelligence économiqia, 4(1), 71‑85.

Cucchi, A. (2013). « Visibilité du capital social à travers les médias sociaux : Études de cas sur les dynamiques sociales de l’appropriation d’un outil d’Analyse de Réseaux Sociaux », par Myriam Karoui. Systèmes d’information & management, 18(1), 126.

De Lavergne, C. et Heïd, M.-C. (2013). Former à et par la collaboration numérique :: quels enjeux pour l’enseignement universitaire ? Tic & société, (Vol. 7, N° 1).

Deltour, F. (2013). Sébastien Tran (coord.) (2013), L’impact du Web 2.0 sur les organisations: Editions Springer, ISBN 978-2-8178-0432-3. Systèmes d’information & management, 18(2), 161.

Denervaud, I., Bouferrache, D., Thiollet, A.-M. et Vallejo, J.-L. (2012). Les nouveaux usages bousculent les stratégies IT. L’Expansion Management Review, 145(2), 92.

Denervaud, I., Dupuis, M. et Courcelle Labrousse, S. (2014). Innovation et digital : une convergence inéluctable. L’Expansion Management Review, 153(2), 96.

Denervaud, I., Gérardin, O., Noé, M., Souplet, C.-A. et Tartar, M. (2010). L’innovation collaborative dans tous ses états. L’Expansion Management Review, 138(3), 110.

Deschamps, C. (2012). Les multiples facettes de la curation. Documentaliste-Sciences de l’Information, 49(1), 22.

Deschamps, C. et Moinet, N. (2011). L’émergence d’internet dans les outils d’Intelligence économique. Le Temps des médias, 16(1), 147.

Dudezert, A., Roulleaux Dugage, M., Chauvin, F., Martin, F., Lemieux, É., Boisserpe, P., … Bruillon, É. (2012). Le KM au coeur de la stratégie d’entreprise. Documentaliste-Sciences de l’Information, 49(2), 26.

Ertzscheid, O., Lachal, J. et Gaucher, M. (2013). Métiers et compétences. Documentaliste-Sciences de l’Information, 50(3), 4.

Felio, C. (2014). ‪Visibilité numérique des cadres d’entreprise‪. Communication & Organisation, 44(2), 123‑132.

Fernandez, V. et Marrauld, L. (2012). Usage des téléphones portables et pratiques de la mobilité. L’analyse de journaux de bord de salariés mobiles. Revue française de gestion, 38(226), 137‑149.

Fouquier, E. et Camel, E. C. (2010). La communication interne, nouveau «soft power ». L’Expansion Management Review, 139(4), 114.

Gaglio, G. et Foli, O. (2012). L’improbable pérennité des journaux internes. Annales des Mines – Gérer et comprendre, 110(4), 6.

Galinon-Mélénec, B. (2010). Réseaux sociaux d’entreprise et DRH. Communication et organisation, 37, 41–51.

Garnier, A., Guérin, G., Le Deuff, O., Deschamps, C., Henrotte, G., Blas, F., … Delcroix, É. (2012). À l’échelle des organisations. Documentaliste-Sciences de l’Information, 49(1), 46.

Germain, M., Pérales, C., Buffard, P., Chaudiron, S., Charaudeau, M.-O., Garnier, A., … Salaün, J.-M. (2013). Les organisations du XXIe siècle. Documentaliste-Sciences de l’Information, 50(4), 38.

Gicquel, F. (2014). Quelles compétences pour la transformation numérique ? Documentaliste-Sciences de l’Information, Vol. 51(4), 9.

Gimenez, J. (2012). Research in electronically-mediated communication in professional contexts – revisiting the past, preparing for the future. ASp, (62), 79‑88.

Guesmi, S. et Rallet, A. (2012). Web 2.0 et outils de coordination décentralisée. Un entrelacement des sphères privées et professionnelles. Revue française de gestion, 38(224), 139‑151.

Karoui, M. et Dudezert, A. (2012). Capital social et enjeux de pouvoir : une perspective socio-politique de l’appropriation d’une technologie de réseaux sociaux au sein d’une collectivité territoriale. Systèmes d’information & management, 17(1), 49.

Khalil, C. et Dudezert, A. (2014). Entre autonomie et contrôle : quelle régulation pour les systèmes de gestion des connaissances ? Systèmes d’information & management, 19(1), 51‑76.

Lecocq, C., Créplet, F., Ulmer, G., Hazaël-Massieux, D., Silber, G.-A., Ertzscheid, O. et Bourhis, O. (2012). Technologies de la mobilité. Documentaliste-Sciences de l’Information, 49(3), 26.

Letrouvé, F., Maisonneuve, M., Meingan, D., de Kermadec, Y. et Chabin, M.-A. (2014). Méthodes techniques et outils. Documentaliste-Sciences de l’Information, 51(2), 12.

Martinez, R., Charaudeau, M.-O., Chabin, M.-A., Morand-Khalifa, N., Jules, A., Richy, P., … Roberge, M. (2013). Contextes. Documentaliste-Sciences de l’Information, 50(1), 38.

Martin, V. (2014). Réseaux sociaux d’entreprise : l’engagement des acteurs à l’épreuve de la prescription: Le cas du réseau Lean au sein du groupe Sivale. Sociologies pratiques, 28(1), 125.

Mlaiki, A., Kefi, H. et Kalika, M. (2012). Facteurs psychosociaux et continuité d’utilisation des réseaux sociaux numériques : le cas de facebook. Recherches en Sciences de Gestion, 92(5), 83.

Ogez, É., Castagnac, G., Motta, V., Bourcet, E., Candellier, L., Maubon, G., … Roumieux, O. (2010). Le social sous toutes ses facettes. Documentaliste-Sciences de l’Information, 47(3), 38.

Paris, T. (2014). Éditorial: L’esprit de coopération. Le journal de l’école de Paris du management, 110(6), 3.

Perelman, J. (2012). Les réseaux sociaux numériques : un mode d’apprentissage ? Dans P.-M. Riccio et D. Bonnet (dir.), TIC et innovation organisationnelle. Journées d’étude MTO’2011. Paris: Presses des Mines.

Poinsot, T., Duport, F., Champloix, S. et Japiot, G. (2010). Du collaboratif au social: l’avènement de la conversation. Documentaliste-Sciences de l’Information, 47(3), 26–37.

Prével, P., Juin, É., Sellin, K., Remande, V., Guillaume, L.-P., Quinqueneau, A., … Godlewski, F. (2012). Pratiques et méthodes du KM. Documentaliste-Sciences de l’Information, 49(2), 44–61.

Regards croisés sur la révolution digitale. (2014). Question(s) de management, 7(3), 155.

Reyre, I. (2014). Nouveaux outils en entreprise, nouvelles compétences. Documentaliste-Sciences de l’Information, Vol. 51(3), 4.

Tran, S. (2014). Quelle contribution des technologies collaboratives à la configuration des organisations ? Systèmes d’information & management, 19(2), 75‑111.

Embauchez des documentalistes !

Voilà. C’est dit.

C’était mon cri de désespoir il y a quelques semaines, quand j’ai commencé à structurer un corpus d’articles de presse que je dois analyser.

Making-of.
Pour un travail de recherche, je dois analyser le discours de certains titres de la presse quotidienne nationale sur un objet précis.
Bien.
Je me pose des tas de questions sur la méthodologie, à la fois de constitution de corpus et d’analyse ensuite, je passe un temps infini à retourner les hypothèses et la problématique du projet pour construire une démarche cohérente, je confronte mes idées à mes encadrants, pour gagner un peu en assurance avant de faire le grand saut.
Bref, allez, je me lance, même pas peur.
J’ai mes critères de recherche, je sais comment délimiter mon corpus, yapuka.
Hop, j’accède à la base de données documentaire qui contient tout ce dont j’ai besoin. J’interroge, j’affine ma stratégie, je finis par obtenir exactement ce que je veux.
Enfin, quand je dis obtenir… Je les vois, là, sur mon écran, youpi.
Mais comment je peux récupérer tout ça ?
Alors, déjà, pas tout d’un coup. Non, faut pas déconner non plus, ce serait trop simple. Je ne peux obtenir les articles qui m’intéressent que par groupes de 50 items. C’est pas grave, j’ai plein de temps devant moi, je ne suis pas du tout pressée (moi ? jamais !).
Allez, on y va.
Dans quel format puis-je rassembler mes articles de presse ? Comme je suis dans une base de données documentaire, je me dis, bêtement, il doit y avoir des formats (j’entends : structurés) de sortie, évidemment. Le principe de la base de données documentaire, c’est qu’à chaque document (ici : article de presse) correspond une description structurée dans des champs comme par exemple le titre, la date, la source, l’auteur… Non ?
Peut-être, sans doute, on ne sait pas, mais quoi qu’il en soit, il y a 2 formats proposés : HTML et PDF. Hein ? Oui, des formats de mise en page/impression. Chouette ! On va s’amuser. Et on a quoi comme options, sinon ? Grand luxe : texte intégral ou juste les données descriptives.
Ah, on va peut-être pouvoir s’en tirer avec les données descriptives.
En fait, non, pas du tout.
Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun systématisme dans la description des données (normal, c’est du HTML, mais sait-on jamais, on aurait pu avoir des id (= dénomination) pour les balises, soyons fous). Donc on ne peut pas repérer et isoler chaque donnée automatiquement.
Ce n’est pas tout. Les données ne sont pas normées. Exemple ? L’auteur. Parfois écrit sous la forme « prénom nom », parfois « nom prénom », parfois les initiales, quand le nom de l’auteur a été relevé, parce que pas toujours, en fait.
Je ne vous parle pas du format des dates, ça va me déprimer.
J’ai 400 articles à analyser, aucun moyen de décrire proprement, automatiquement, exhaustivement mon corpus d’articles.

Or, figurez-vous, il existe des personnes sur terre dont le métier est justement de réfléchir à tout ça, de « documenter » correctement l’information, et je vous le donne dans le mille, comment les nomme-t-on ? Des documentalistes.

Je sais, c’est dingue.

Épilogue.
Je n’ai toujours pas commencé mon analyse. Étonnant, non ?

Et puis j’ai eu la bonne idée de vouloir tester Iramuteq sur mon corpus.
Après plusieurs jours de jonglage pour apprivoiser la bête, j’arrive enfin à lancer les outils sur mon corpus, yes !
Tiens, bizarre, le verbe UNIR semble avoir beaucoup d’occurrences, je n’avais pas remarqué (oui parce que à force, avant même d’avoir analysé quoi que ce soit, je commence à connaître mes 400 articles par coeur).
Je vérifie où il se trouve dans les articles…
Ah, ok.
Ne pas désespérer. Tout va bien.
Vu l’objet de ma recherche, il est beaucoup question des États-Unis et du Royaume-Uni dans mes articles. Voui.
Résultat : je suis présentement en train d’enrichir le dictionnaire des expressions en français d’Iramuteq avec tous les termes comportant un tiret, se trouvant dans mes 400 articles, mais ne figurant pas encore dans ce dictionnaire.

#ilovemyjob 😉