Réseau social d’entreprise

A peine était-il né que le concept de réseau social d’entreprise, ou RSE, a périodiquement été remis en question et débattu, par ses propres promoteurs, notamment au sujet de sa définition et de sa dénomination.

Un ouvrage qui lui est consacré, paru en 2011, le définit ainsi : « l’ensemble des individus qui prennent part à une activité d’un business et dont on matérialise dans le numérique les interactions sociales autour de cette activité afin de l’améliorer » (Garnier, Hervier, 2011).

Cette dénomination, RSE, fait écho aux réseaux socionumériques publics (au sens où quiconque peut en être membre, en dehors donc d’un contexte particulier d’organisation), notamment au plus populaire d’entre eux actuellement : Facebook. Ceux-ci font l’objet de nombreuses publications scientifiques. La revue Hermès, par exemple, a publié un numéro consacré à ce sujet en 2011, où l’on constate qu’ils ont été étudiés sous des angles anthropologiques, sociologiques, politiques, informationnels, économiques, psychologiques ou communicationnels, qui mettent en lumière, entre autres, des enjeux d’espace public et privé (Miège, 2010), d’interaction sociale (Proulx, Kwok Choon, 2011 ; Coutant, 2011), de mise en scène de soi (Cardon, 2008) ou de pérennité de l’information et de mémoire numérique (Merzeau, 2009).

Les fonctionnalités logicielles des RSE sont donc issues de celles des réseaux socionumériques tels Facebook, qui a été créé en 2004 et a été rendu public en 2006.
Elles gèrent au minimum : le profil de membre, qui comporte des informations d’identité renseignées par formulaire qui peuvent être textuelles et iconographiques, un espace d’expression et de partage pour celui-ci, l’actualisation de l’activité de chacun, la visibilité de tous, la constitution de groupes ou communautés et la recherche d’information dans le RSE.

En synthèse, l’objet de ma recherche est un réseau socionumérique, comme Facebook, mais privé, utilisé dans le monde du travail, par des salariés au sein d’une organisation. Il est constitué d’acteurs, de techniques et d’objets matériels en interaction permanente, installés dans un contexte défini, visant à produire des actions et mettant en œuvre des processus d’information et de communication. En ce sens, je l’entends comme un dispositif info-communicationnel (Couzinet, 2011).

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CARDON, Dominique, 2008. « Le design de la visibilité : un essai de cartographie du web 2.0 ». Dans : Réseaux. 2008. Vol. 152, n° 6, p. 93–137.
COUTANT, Alexandre, 2011. « Des techniques de soi ambivalentes ». Dans : Hermès. 2011. n° 59, p. 53–58.
COUZINET, Viviane, 2011. « Les dispositifs : question documentaire ». Dans : GARDIÈS, Cécile (éd.), Approche de l’information-documentation. Concepts fondateurs. Toulouse : Cépaduès Editions. p. 117–130.
GARNIER, Alain et HERVIER, Guy, 2011. Le réseau social d’entreprise. Paris : Hermès science publications : Lavoisier.
MERZEAU, Louise, 2009. « Du signe à la trace : l’information sur mesure ». Dans : Hermès. 2009. n° 53, p. 23–29.
MIÈGE, Bernard, 2010. L’espace public contemporain approche info-communicationnelle. Grenoble : Presses universitaires de Grenoble.
PROULX, Serge et KWOK CHOON, Mary Jane, 2011. « L’usage des réseaux socionumériques : une intériorisation douce et progressive du contrôle social ». Dans : Hermès. 2011. n° 59, p. 105–111.